L'enthousiasme suscité par l'élection de Barack Obama a masqué la perpétuation des inégalités raciales aux États-Unis. Cinquante ans après le vote des droits civiques, le mouvement « Black Lives Matter » et les violences policières ciblées qu'il dénonce apportent un démenti cinglant à l'illusion de l'équité.
La majorité des Américains affirme aujourd'hui que Blancs et Noirs disposent des mêmes opportunités et accusent les minorités d'être à l'origine de leurs propres échecs. Selon la doxa néolibérale du mérite et de la responsabilité individuelle que les Républicains comme les Démocrates ont enracinée dans le pays, le marché serait neutre et impartial : color-blind. Mais cette notion désigne-t-elle vraiment l'indifférence à la couleur de peau ou plutôt l'aveuglement face aux traitements discriminatoires que continuent de subir les Africains-Américains en matière d'éducation, de logement, d'emploi, de revenu et de justice ?
En retraçant la genèse de l'idéologie postraciale aujourd'hui en vogue aux États-Unis, ce livre montre comment le triomphe de la doctrine néolibérale reproduit structurellement au sein de la société américaine un racisme qui ne s'avoue pas comme tel.
Ce sont des « conservateurs » pas comme les autres. Ni nostalgiques des temps passés ni partisans du statu quo, les néoconservateurs sont une famille à part dans la droite américaine. Ils viennent souvent de la gauche, ils croient dans le pouvoir des idées et de la politique pour changer le monde. Ils ne sacralisent pas le marché mais portent un regard critique sur l'État-providence et ses défaillances. Convaincus que l'Amérique incarne le Bien, ils pensent qu'elle assurera sa sécurité et restera fidèle à sa mission morale seulement en exportant la démocratie, au besoin par la force. Après les attentats du 11 septembre 2001, ils ont acquis une influence déterminante sur la politique de George W Bush et pesé dans sa décision de faire la guerre en Irak.
Ce livre raconte les origines d'une « tribu » née à New York dans les milieux de la gauche démocrate, dresse le portrait de ses maîtres à penser et montre comment les « néos » forment avec les fondamentalistes chrétiens un courant dominant dans l'Amérique d'aujourd'hui.