La décolonisation faite, cet essai de compréhension du rapport Noir-Blanc a gardé toute sa valeur prophétique : car le racisme, malgré les horreurs dont il a affligé le monde, reste un problème d'avenir.
Il est ici abordé et combattu de front, avec toutes les ressources des sciences de l'homme et avec la passion de celui qui allait devenir un maître à penser pour beaucoup d'intellectuels du tiers monde.
Message destiné à être déchiffré, la parole est aussi un produit et un instrument de pouvoir : on peut agir avec des mots, ordres ou mots d'ordre. Mais la force qui agit à travers les mots est-elle dans les paroles ou dans les porte-parole ou, plus justement, dans le groupe même sur lequel s'exerce leur pouvoir ? Il faut intégrer des traditions théoriques fictivement opposées pour construire une théorie du pouvoir symbolique, outil indispensable pour comprendre son terrain d'exercice privilégié, celui de la politique. La politique n'est pas le seul lieu où opère la violence symbolique, cet abus de pouvoir d'autant plus pernicieux qu'il s'exerce dans et par son invisibilité : seule une forme très particulière d'analyse du discours peut le débusquer là où l'on s'attendait le moins à le trouver.
L'émigration et l'immigration sont deux phénomènes aussi indissociables que le recto et le verso de la même feuille et pourtant très différents en apparence, au point qu'on croit pouvoir comprendre l'un sans connaître l'autre. Abdelmalek Sayad dévoile les contradictions inscrites dans la condition d'immigré : absent de sa famille, de son village, de son pays, et frappé d'une sorte de culpabilité inexpiable, mais tout aussi absent, du fait de l'exclusion dont il est victime, du pays d'arrivée, qui le traite comme simple force de travail. Autant de choses qui ne sont pas seulement dites dans le langage habituel de la littérature critique, mais également dans la langue que les immigrés emploient eux-mêmes pour faire part avec beaucoup d'intensité et de justesse de leur propre expérience.
La liberté des acteurs est un fait, l'existence de systèmes organisés et cohérents en est un autre. Comment ces deux réalités s'articulent-elles ? Michel Crozier, l'auteur du Phénomène bureaucratique, associé à Erhard Friedberg, montre, contre tous les mirages d'une rationalité totalitaire, le caractère essentiellement « opportuniste » des stratégies humaines et la part irréductible de liberté qui existe dans toute relation de pouvoir.
Ce livre n'est pas un manuel de sociologie des organisations - discipline dont Michel Crozier est l'un des fondateurs en France -, mais bien une sociologie de l'action organisée. Il constitue une véritable critique de la raison collective.
Parvenue à un certain accomplissement, la science de l'homme se doit de livrer l'idée de l'homme qui est impliquée par sa démarche et par ses résultats.
Dans cet ouvrage, Pierre Bourdieu met l'accent sur les traits de l'existence humaine que le regard scolastique ne peut qu'ignorer : force, coutume, automate, imagination, contingence, probabilité. Il débouche ainsi sur une anthropologie réaliste, placée sous le signe de Pascal, qui rompt avec la spontanéité que la vision savante ratifie beaucoup plus qu'elle ne le croit.
Le discours économique classique repose sur des postulats qu'il présente comme allant de soi : offre et demande posées de façon indépendante, individu rationnel connaissant son intérêt et sachant faire le choix qui y correspond, règne inconditionnel des prix... Or il suffit d'étudier de près une transaction, comme Pierre Bourdieu le fait ici à propos du marché de l'habitat pavillonnaire, pour s'apercevoir que ces principes ne rendent pas compte de la réalité. Si leur abstraction illusoire est critiquée aujourd'hui par certains économistes, il faut aller plus loin : l'offre, la demande, le marché, et même l'acheteur et le vendeur sont le produit d'une construction sociale, de sorte qu'on ne peut décrire adéquatement les processus dits « économiques » sans faire appel à la sociologie.
" cette folie, qui lançait les riches dans une surenchère de dons à la collectivité (chacun voulant se montrer plus magnifique que le voisin), porte un nom savant -l'évergétisme- et vient de trouver son historien.
Paul veyne a quelque chose de la prodigalité de ses héros, les évergètes. il déverse sur ses lecteurs médusés les trésors de son information, les souvenirs de ses campagnes à travers l'érudition germanique et la sociologie anglo-saxonne, dépense en quelques pages la matière de vingt thèses et mobilise toutes les ressources d'un esprit follement ingénieux pour comprendre et faire comprendre ce que les cadeaux en cascade étaient chargés d'entretenir.
" mona ozouf.
C'est sur une terre bouleversée et dans un climat intellectuel polémique que Pierre Bourdieu va forger les principaux outils de sa compréhension du monde social, à l'occasion d'un travail sur la parenté, l'économie et les rituels kabyles. Esquisse d'une théorie de la pratique et les trois études ethnologiques qui précèdent cet essai fondamental nous font pénétrer dans l'atelier où Pierre Bourdieu a élaboré les concepts majeurs de sa théorie du monde social.
Pierre Bourdieu (1930-2002) :
Professeur au Collège de France, il a écrit de nombreux ouvrages qui ont une influence majeure dans les sciences sociales aujourd'hui.
Le clerc, qui ne se confond pas avec le prêtre ou le moine, est le descendant d'une lignée originale dans l'Occident urbain du Moyen Age : celle des intellectuels. Le mot est moderne, il a l'avantage de désigner à la fois le penseur et l'enseignant, et de ne pas être équivoque.
L'enquête de Jacques Le Goff est une introduction à la sociologie historique de l'intellectuel occidental. Mais elle fait aussi la part du singulier et du divers, et devient ainsi une galerie de caractères finement analysés.
La première édition de cet ouvrage devenu classique a paru aux Editions du Seuil en 1957. Elle reparaît aujourd'hui augmentée d'une préface et d'une longue bibliographie critique dans lesquelles Jacques Le Goff fait droit aux travaux parus depuis la première publication, et bien souvent inspirés par elle.
Comment vivre en tant que femme sur la planète des hommes ? A chaque époque, sa réponse. Mais toujours le même présupposé : ce sexe-là est le faible, l'inférieur, le subordonné. De la Préhistoire à nos jours, voici, racontée par quatre femmes d'exception, l'histoire de la condition féminine, dans un dialogue audacieux, sans jargon ni tabous. Un combat inouï contre l'ordre - moral, social et sexuel - imposé par des générations de monarques, prêtres, pères, maris, qui est loin d'être terminé.
L'image de la sociologie est en train de changer. On découvre que le dynamisme d'un ensemble humain ne dépend pas seulement du caractère de son chef, de la conjoncture économique, de l'aide du ciel ou du tempérament national, mais d'un certain nombre de principes d'organisation. Ces principes sont exposés ici de manière accessible, illustrés par une douzaine de cas français et étrangers. Il ne s'agit pas de chercher des modèles mais de dévoiler une attitude et des outils qui permettent de comprendre comment une organisation se constitue et peut se transformer.
Cette nouvelle édition comprend un chapitre inédit qui présente les principaux courants théoriques récents (conventions, traduction, encastrement, néo-institutionnalisme, rôle des nouvelles technologies de la communication).
L'idéal démocratique règne désormais sans partage, mais les régimes qui s'en réclament suscitent partout de vives critiques. L'érosion de la confiance dans les représentants est ainsi l'un des problèmes majeurs de notre temps. Mais, si les citoyens fréquentent moins les urnes, ils ne sont pas pour autant devenus passifs : on les voit manifester dans les rues, contester, se mobiliser sur Internet. Pour comprendre ce nouveau Janus citoyen, cet ouvrage propose d'appréhender les mécanismes d'institution de la confiance et l'expression sociale de la défiance comme deux sphères et deux moments distincts de la vie des démocraties. L'activité électorale-représentative s'organise autour de la première dimension : c'est elle qui a été classiquement étudiée. Mais la seconde n'a jamais été explorée de façon systématique. C'est à quoi s'attache Pierre Rosanvallon en proposant une histoire et une théorie du rôle structurant de la défiance dans les démocraties.
Ce petit livre contient la grande intuition mystique du père teilhard; il témoigne de sa force visionnaire et de la puissance "intégratrice" de son espérance.
"le progrès de l'univers, et spécialement de l'univers humain, n'est pas une concurrence faite à dieu, ni une déperdition vaine des énergies que nous lui devons. plus l'homme sera grand, plus l'humanité sera unie, consciente et maîtresse de sa force - plus aussi la création sera belle, plus l'adoration sera parfaite, plus le christ trouvera, pour des extensions mystiques, un corps digne de résurrection.
Il ne saurait pas plus y avoir deux sommets au monde que deux centres à une circonférence. " "la terre peut bien, cette fois, me saisir de ses bras géants. elle peut me gonfler de sa vie ou me reprendre dans sa poussière. elle peut se parer à mes yeux de tous les charmes, de toutes les horreurs, de tous les mystères. elle peut me griser par son parfum de tangibilité et d'unité. elle peut me jeter à genoux dans l'attente de ce qui mûrit dans son sein.
" "ses ensorcellements ne sauraient plus me nuire, depuis qu'elle est devenue pour moi, par delà elle-même, le corps de celui qui est et de celui qui vient! le milieu divin. ".
La difficulté pour les sourds d'entrer dans le langage les a longtemps fait considérer comme intellectuellement inférieurs, jusqu'au jour où l'abbé de l'Épée, au XVIIIe siècle, les écouta, c'est-à-dire observa la langue des signes qu'ils pratiquaient déjà entre eux, et, à partir d'elle, mit au point un système de communication gestuel.
Mais ce livre est plus qu'une histoire. Il montre également ce que la surdité peut nous apprendre à tous, sur notre condition d'êtres parlants. Ce que les sourds donnent à voir, à qui les écoute, c'est bel et bien une autre façon, aussi riche que celle des entendants, de pratiquer le langage : une autre manière d'être humain.
Oliver Sacks :
Professeur de neurologie à la New York University School of Medicine, il pratique la médecine. Il est l'auteur de nombreux livres, notamment L'Odeur du si bémol (2014), L'oeil de l'esprit (2012), Musicophilia (2009), L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1988) et L'Éveil (1987), qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique nommée aux Oscars.
Avec la décomposition du capitalisme industriel, les institutions sociales perdent leur sens. Que se passe-t-il pour que les piliers de nos sociétés démocratiques se dérobent quand la globalisation du monde appellerait leur renforcement ?
Loin de céder à la peur du chaos qui accélère le déclin, cet ouvrage s'efforce d'unir le récit d'une fin et l'annonce d'un commencement : celui d'un autre type de vie collective et individuelle fondé sur la défense des droits humains universels contre toutes les logiques d'intérêt et de pouvoir.
À charge pour nous d'apprendre à quelles conditions le sujet de droits que chacun peut invoquer est susceptible de se faire l'acteur d'expériences entièrement nouvelles, où le capitalisme financier, devenu sauvage aujourd'hui, pourrait être à nouveau contrôlé.
La libido est désormais un secret de polichinelle. Rien n'est moins inconscient, rien ne s'affiche davantage. Il ne faut pourtant pas se leurrer. La libération sexuelle pourrait bien être une ceinture de luxure aussi cadenassée que la ceinture de chasteté. L'hypersexualisation actuelle pourrait même cacher une haine du sexe.
Comme à ses premiers siècles, le christianisme se retrouve alors aujourd'hui dans la situation singulière d'avoir à chanter la gloire du corps et de redonner à la chair sa dimension spirituelle.
En analysant successivement la spécificité de la sexualité humaine, le couple et la signification de l'union charnelle, puis celle de la naissance, cet essai tente de saisir le mystère ultime de la sexualité.
Les nouvelles méthodes de gestion développées depuis les années 1980 ont diffusé une idéologie colonisant les esprits et la société pour soumettre celle-ci aux exigences de la rentabilité financière.
La culture de la performance et de la compétition met tout le monde sous haute pression : épuisement professionnel, stress, suicides au travail. La société n'est plus qu'un marché, un champ de bataille où le remède proposé aux méfaits de la guerre économique consiste toujours à durcir la lutte. Face à cette mutation, la politique, également contaminée par le « réalisme gestionnaire », semble impuissante à dessiner une autre voie. Peut-on échapper à l'épidémie ? Peut-on repenser la gestion comme l'instrument d'organisation d'un monde commun ? C'est justement la piste qu'ouvre ici le diagnostic du sociologue clinicien.
Qu'y a-t-il de commun entre l'écologie, le système économique, l'entreprise, la ville, l'organisme, la cellule ?
Rien, si on se contente de les examiner avec l'instrument habituel de la connaissance : l'approche analytique. Mais beaucoup, en revanche, si l'on dépasse cette démarche classique pour faire ressortir les grandes règles d'organisation et de régulation de tous ces « systèmes ». Pour Joël de Rosnay, l'instrument symbolique de cette nouvelle manière de voir, de comprendre et d'agir est le « macroscope », qui devrait être aussi précieux aujourd'hui aux grands responsables de la politique, de la science, de l'industrie, et à chacun de nous, que le sont le microscope et le télescope pour la connaissance scientifique de l'univers.
Si l'activité artistique est bien un travail, ses logiques échappent largement à la manière dont la sociologie et l'économie ont l'habitude d'en rendre compte. Des différences considérables de succès peuvent-elles résulter de différences minimes de talent ? Le génie est-il soluble dans l'analyse sociologique ? Comment expliquer l'attrait exercé par des carrières aléatoires qui exposent la plupart de ceux qui y prétendent au désaveu du marché ? Pourquoi l'action culturelle se contente-t-elle généralement d'amplifier la reconnaissance des créateurs déjà consacrés par la critique ? À travers de multiples études empiriques, cet ouvrage résout ces paradoxes en forgeant un cadre d'analyse original qui place l'incertitude au principe des choix d'orientation des artistes comme au coeur du dispositif d'évaluation des oeuvres.
Face à la culture populaire, les intellectuels tombent fréquemment dans deux écueils symétriques. Célébrant l'authenticité des goûts du peuple et la richesse inaperçue de ses pratiques, par opposition aux faux-semblants des pratiques cultivées, certains oublient que la culture populaire est une culture socialement dominée et, au nom du relativisme, versent dans le populisme. D'autres, n'envisageant la culture des classes populaires que sous les traits du manque, peinent à s'extraire de leur propre légitimisme et cèdent au misérabilisme. Telle est la critique que les auteurs adressent notamment à Pierre Bourdieu, dont ils furent tous deux de proches collaborateurs, en engageant un dialogue exigeant avec ses travaux.
C'est à éviter ces deux biais à l'oeuvre dans la sociologie, la littérature ou la politique qu'invite cet ouvrage.
Claude Grignon :
Sociologue, directeur de recherche à l'INRA, il a notamment publié L'Ordre des choses (Minuit, 1971) et Sociologie et idéologie (Droz, 2008).
Jean-Claude Passeron :
Sociologue, directeur d'études de l'EHESS, il a coécrit avec Pierre Bourdieu Les Héritiers et La Reproduction (Minuit, 1964, 1971) et est également l'auteur du Raisonnement sociologique (rééd. Albin Michel, 2008).
Cet ouvrage, devenu un classique, se présente comme l'introduction au vaste courant que l'on peut appeler la « nouvelle communication », dominant dans le paysage des sciences sociales anglo-saxonnes : la communication n'y est plus définie comme une simple affaire à deux, mais comme un système circulaire, un orchestre dont chacun fait partie et où tout le monde joue en suivant une partition invisible.
Une ample introduction est ici suivie d'un choix de textes fondamentaux et d'entretiens.
Cela fait trente ans que Stéphane Bourgoin interroge les serial killers. Il a rencontré plus de soixante-dix de ces tueurs aux quatre coins de la planète, qu'il a essayé de présenter de manière distanciée, sans porter le moindre jugement. Dans ce livre, il raconte l'envers du décor, l'épreuve physique de ces rencontres et les moments d'angoisse qui les précèdent. Comme sa crise de terreur lors de son face à face avec un homme accusé du meurtre de 34 femmes en Floride ou son stress lorsqu'il doit se plonger dans l'affaire de Dean Arnold Corll, surnommé " The Candy Man ", tueur en série sadique qui a torturé et assassiné 27 adolescents. Un témoignage exceptionnel et terrifiant.
Les acteurs, à l'intérieur d'une organisation, ne sont pas seulement soumis à ses contraintes : sans leur implication et s'ils ne s'approprient pas les outils proposés, les changements ne peuvent tout simplement pas avoir lieu.
S'appuyant sur une évaluation critique des théories sociologiques du changement ainsi que sur trente ans d'observation interne au sein d'organisations, l'auteur établit une sociologie de l'action fondée sur l'interaction entre contraintes et autonomie. Il dresse ensuite l'état de nos savoirs sur le rôle et le poids des déterminants du changement (contraintes socio-économiques et techniques, institutions, acteurs.). Enfin, il décrit les transformations en cours et tire les conclusions pratiques quant à la conduite du changement.
Le monde actuel n'a plus aucun référent historique La situation est certes inédite...
Quel drame de ne plus pouvoir hisser le drapeau Quel drame de ne pas savoir hisser le drapeau Quel drame de ne pas pouvoir se hisser plus haut Et puis se découvrir faux-Monnayeurs Cousin pauvre d'une Amérique unijambiste Et se voir imiter cet autre modèle sociétal en tout point Sauf sur le point même le seul enviable ou s'origine la force même de son rayonnement L'union derrière le dernier symbole des nations L'union des singularités derrière un drapeau...
Penser un autre modèle de société Et le pacte se renouvelle Entre le collectif et l'individuel Les pensées idéologiques et partisanes Ont fait leur temps périmées plus dans le coup Dépassées inefficaces surtout C'est ce qui disqualifie d'office l'animal politique d'aujourd'hui Parce que précisément n'étant plus tout à fait humain Il devient étranger au bien commun Il est incapable de faire la synthèse des idées bonnes pour tous Qu'importe d'où elles viennent Et qu'importe qui les porte...
Toute ma vie, je me suis fait une idée certaine de la France.
Et en vérité je vous le dis Je suis le Dernier Français.