Pourquoi certaines femmes portent-elles atteinte à leur corps au point de mettre leur vie en danger - provoquant des anémies, des pertes massives de sang, s'automutilant ? Pourquoi faut-il qu'elles fassent reconnaître ces atteintes comme une maladie - et par conséquent qu'elles dupent et manipulent les médecins ? Pourquoi faut-il qu'elles aillent physiquement mal pour pouvoir aller bien (ou en tout cas pas trop mal) sur un autre plan ? Pourquoi cette passion à duper l'autre ?
Ce livre, à la façon d'un récit, campe le portrait de ces femmes. À travers le récit de cas, il raconte comment, dès le XVIIe siècle, des médecins ont pressenti dans d'extrêmes faiblesses physiques, des souffrances mentales. Comment des médecins, puis des psychiatres, ont tenté de comprendre ces femmes, d'élaborer des catégories interprétatives : anorexie, pathomimie, syndrome de Münchausen, de Lasthénie de Ferjol. Comment aussi la littérature a influencé ces théories médicales, psychiatriques, psychopathologiques, psychanalytiques. Et comment cette étonnante articulation de l'atteinte du corps, de la duperie de l'autre et de la féminité ne trouve aucune résolution ou expression définitive, si ce n'est une hypothèse psychanalytique : la perversion ne serait pas propre au masculin, elle pourrait aussi être féminine - la position de ces femmes en serait le signe.