La classification des psychoses endogènes de l'école de Wernicke Kleist et Leonhard n'a qu'une diffusion confidentielle en France faute de traduction des ouvrages de références. Pourtant nous connaissons certaines découvertes de cette école, puisqu'elle a enfanté le concept de bipolarité. Malheureusement, la version que nous en avons conservée au travers des classifications internationales a abusivement simplifié les concepts d'origine : il n'existe pas une seule forme de trouble bipolaire mais sept phénotypes différents qui n'ont rien à voir avec les types 1 ou 2 du DSM.
Ces phénotypes se différencient par leur expression clinique et non par une simple gradation d'intensité symptomatique. Ils se singularisent aussi par leur pronostic et leur charge héréditaire. Le continuum apparent entre troubles bipolaires et schizophréniques trouve là une solution élégante dont la pertinence clinique est étonnante. Nous sommes heureux que cette traduction mette à disposition des psychiatres et des chercheurs français un premier ouvrage de référence.
Leonhard l'avait écrit pour vulgariser ses recherches auprès de ses confrères. C'est une excellente introduction qui permet en particulier de tracer les limites de ce qu'est une psychose endogène. Le lecteur français en particulier remarquera que tous les délires chroniques n'y sont pas considérés comme des psychoses endogènes. Il y découvrira aussi les limites entre troubles endogènes de l'humeur et trouble de l'humeur névrotique.
Au delà des troubles psychotiques, le lecteur se familiarisera avec une approche méconnue des troubles de la personnalité ou des troubles paranoïaques et névrotiques. Si certains termes peuvent paraître surannés, les concepts sont étonnamment modernes et opératoires. Le niveau de détail est certes insuffisant pour fonder un diagnostic sur la base de cette seule lecture, mais c'est une vue d'ensemble qui permet d'appréhender plus facilement ce joyau de la psychiatrie.