Si le corps est le lieu privilégié de rencontre avec le psychotique, son soin en institution et sa rencontre avec les spécialistes sont souvent l'occasion d'un malentendu, comme aimait le souligner Maud Mannoni, les obligeant à interroger leurs pratiques et à y ouvrir d'autres fléchages.
C'est ce que retranscrit la première partie de ce texte à travers le cheminement des structurations des soins corporels au Centre psychothérapique Saint-Martin de Vignogoul. Nés des maternages individuels ils ont très vite évolué vers d'autres formes de thérapie corporelle, groupales ou individuelles, toujours en place aujourd'hui. Illustrée chaque fois par des comptes rendus cliniques, cette histoire s'accompagne de prolongements théoriques et conceptuels souvent difficiles à élaborer, les thérapies corporelles se situant toujours aux limites du langage.
Une réflexion sur les soins corporels et les institutions ne peut s'arrêter à la seule relation soignant-soigné. Le groupe institutionnel a, lui aussi, un corps. Il faut savoir en prendre soin tant il occupe une place privilégiée de projection et de support des dynamiques psychiques qui traversent la vie institutionnelle et s'expriment le plus souvent en symptôme ou passage à l'acte. Enfin, le soin du corps suppose des représentations de ce corps.
Trois d'entre elles sont confrontées : celles du médecin, du psychanalyste et de l'artiste. Une étrange familiarité apparaît entre les étapes jalonnant l'oeuvre d'Alberto Giacometti et celles que parcourt le clinicien dans sa rencontre avec le corps du psychotique.