Le Groupe de travail de psychothérapie et de sociothérapie institutionnelles (GTPSI) s'est réuni à 14 reprises entre 1960 et 1966 autour de Jean Ayme, Roger Gentis, Félix Guattari, Jean Oury, François Tosquelles notamment.
Les "Actes du GTPSI", jusqu'ici inédits, restituent l'intégralité de leurs échanges, qui sont autant de récits - mais au présent de l'indicatif, et à la première personne - de l'histoire de la psychothérapie institutionnelle en train de se faire. Le vol. 4 restitue les échanges de la séance de novembre 1961 consacrée au fantasme observé dans la clinique, dans les groupes de travail, en milieu institutionnel, dans les collectivités de soin.
FÉLIX GUATTARI.
Ce qu'il faut retenir, c'est que le fantasme, qui se présente comme quelque chose de singulier, de personnel, d'incompréhensible, de massif, quelle que soit la voie d'accès qu'on y trouve, le point méthodologique, c'est de dire, d'abord, que le fantasme implique l'Autre.
À partir de ça, j'essaie d'avancer une définition provisoire du fantasme : le fantasme est une représentation imaginaire ayant pour fin de mettre l'Autre en posture de répondre au désir, comme il est impossible qu'il le fasse en réalité ; ça, c'est une hypothèse.
Pourquoi impossible ? Cette impossibilité a sa source dans des raisons de structure. Ces raisons de structure, c'est qu'elles aboutissent à ce qu'automatiquement, le Sujet est amené à éluder le désir, et donc, du même coup, à manquer l'Autre, d'une façon ou d'une autre.
C'est important, « d'une façon ou d'une autre », parce que ça déterminera une certaine qualité du fantasme et que ça permettra de le situer dans ce que j'appelais une « histoire », genre histoire hégélienne des figures du fantasme.
(Extrait p. 141)